Présentation
En envisageant la série télévisée comme objet esthétique,
idéologique,
narratif et socioculturel, ce colloque pluridisciplinaire se propose
d’explorer les enjeux de l’écho et de la reprise dans ce genre
télévisuel. Les communications croiseront les pistes suggérées
ci-dessous :
Approches socioculturelles et questions idéologiques :
- reprise de stéréotypes et de clichés, peut-être
pour mieux les subvertir : comment un même type de personnage ou de
lieu circule à travers plusieurs séries ; reprise d’autres discours
(médias d’information, discours académique, etc.) dans le discours
porté par la série.
- de manière plus générale, la façon dont les séries
entrent dans un jeu de miroir avec les sociétés qui les créent et les
regardent : échos et reprises de l’actualité ou de l’histoire
(similitude ou bien insertion d’images d’archives). En faisant appel à
la mémoire collective, quelle vision du monde et/ou de la société se
trouve promue par la série ?
Intertextualité et interpicturalité :
- adaptation, transposition, appropriation,
remake : processus de re-médiation (adaptation sous forme de série
télévisée d’un roman, d’une bande dessinée, d’un film, éventuellement
vice-versa) ; versions nouvelles ou inédites d’autres séries (série
culte, série étrangère), remaniement et « ré-invention » ; foisonnement
narratif et dissémination (parfois sur d’autres supports médiatiques),
spin-offs, webisodes, prolongements latéraux de fils narratifs
particuliers (des « hors-série » en quelque sorte) ; parodies, échos de
certains genres télévisuels, filmiques ou artistiques.
- de façon plus ponctuelle, reprise et intégration
d’éléments provenant de supports culturels autres ou non (y compris
dans les génériques) : emprunts au patrimoine littéraire,
cinématographique ou télévisuel, sous forme de citations verbales ou
visuelles ; références à la culture musicale des téléspectateurs
(reprises de chansons ou d’airs connus) ; crossovers (croisement des
univers diégétiques de séries différentes), ré-emploi d’un(e)
acteur/actrice principal(e) d’une autre série/d’un film ; jeux avec les
téléspectateurs (dans quelle mesure ces références plus ou moins
facilement accessibles créent-elles une connivence avec une catégorie
de téléspectateurs, reproduisant au sein de la culture de masse des
stratégies de « distinction » ?)
Sérialité :
Enfin, ce colloque sera l’occasion d’accorder une attention toute
particulière à ce qui distingue la série d’autres genres audiovisuels
ou narratifs, c’est-à-dire sa sérialité même :
- stratégies développées pour reprendre le fil du
récit après une interruption plus ou moins longue (pause publicitaire,
intervalle de temps entre deux épisodes, entre deux saisons) ;
sollicitation de la mémoire des téléspectateurs (intratextualité /
intrapicturalité, jeu sur les temporalités, manipulations du previously
on, rappels dans le/ du générique).
- qu’elle suive une formule indéfiniment réitérée,
comme les formula shows ou les séries du type case-of-the-week, ou
qu’elle appartienne à la vague plus récente des séries «
feuilletonnantes », quels dosages la série établit-elle entre la
récurrence de mêmes schémas narratifs, de personnages et/ou de décors,
et les nouveautés, les surprises, les révélations ?
- mise en place d’un rituel de consommation ; dans
quelle mesure les nouveaux modes de visionnage (DVD, Video On Demand,
streaming, téléchargement) ou le déploiement de l’univers diégétique
sur d’autres médias (notamment Internet) redéfinissent-ils la sérialité
des séries ?
- reprises réflexives : mise en abyme (écran de
télévision dans l’écran et série dans la série : commentaires sur le
genre sériel) ; la série « se reprend », par exemple après un
vagabondage vers le devenir hypothétique d’un personnage ou d’une
situation ; reprises ou échos au service d’un discours porté par la
série sur elle-même.
Les communications seront en français ou en anglais.
Une sélection des communications sera publiée dans la revue TV/Series.
TV
Series Redux: Recycling,
Remaking, Resuming.
An International Conference
12-13-14 September 2012 at the
University of Rouen (France)
[Version française]
This interdisciplinary conference
will examine the question of
recycling, remaking and resuming in TV series. Bearing in mind that
this television genre can be regarded as an aesthetic, ideological,
narrative and sociocultural object, the papers will focus
on the connections between the following aspects :
Sociocultural approaches and
ideological issues
- the recycling of stereotypes and clichés,
potentially with a view to subverting them (contributors may address
the circulation of a type of character or a type of location through
several series); the recycling of external discourses (such as media
discourse, academic discourse) within the context and narrative of a
series;
- more generally, the ways series reflect the
societies which both create and watch them by echoing, reviving and
revisiting contemporary or past events (through background allusions,
explicit references or the insertion of archival images, for instance).
Which worldview is thus conveyed by the conjuring up of this or that
collective memory?
Intertextuality and interpictoriality
- adaptation, transposition, appropriation, remake:
re-mediations (such as the adaptation of a novel, a comic strip or a
film into a series, and vice versa); new versions of older or
successful series (cult series, foreign series); reshuffling, reworking
and “re-imagining”; narrative blossoming and dissemination (sometimes
resorting to other media), spin-offs, webisodes, continuations of
specific sub-plots; parodies and echoes of certain TV, filmic and
artistic genres;
- more pointedly, the reprocessing and integration of
external cultural elements (for instance in opening and end credits):
verbal and visual quotations from the literary, cinematic or television
heritage; references to a shared musical culture (in the sound track,
or the diegesis, through cover versions, etc.); crossovers (when one or
several diegetic elements “cross over” from one series to another);
re-casting of the lead actor or actress of another series or film;
playful interactions with the audience (so that one may wonder whether
these more or less explicit hints give birth to a form of bonding with
a particular category of viewers, somehow reproducing “distinction”
strategies within mass culture).
Seriality:
Special attention will be paid to
what differentiates the series
from
other visual or narrative forms, i.e. the seriality of series. The
following dimensions will be explored :
- strategies meant to resume the main narrative
thread after the series has been interrupted for a few minutes or a few
months (by a commercial break, by the time span separating two episodes
or two seasons); playing with the viewer’s memory (through
intratextuality and intrapictoriality, through the use of different
timelines, the manipulations of the “previously on” and motifs cropping
up in the credits);
- some papers will study, whether they
follow an endlessly repeated pattern (as in formulaic shows or
case-of-the-week series) or belong to the more recent trend of
serialised dramas, combine the reiteration of similar narrative plots,
characters and locations with the necessity to insert new elements,
unexpected events and revelations;
- recurrent consumption rituals: how is the seriality
of TV series redefined by new modes of viewing (DVD, Video On Demand,
streaming, downloading) or by the grafting and thriving of the diegetic
universe in other media (and on the Internet in particular)?
- reflexive echoes: mise en abyme (TV screen within
the TV screen and series within the series as self-reflexivity); the
way the series pulls itself together and starts again after momentarily
wandering off track to picture the hypothetical development of a given
character or situation; repetition or allusion supporting a
self-definition.
Papers will be given either in
English or in French. Selected and
peer-reviewed proceedings will be published in the journal TV/Series.